Fraude interne en entreprise : pourquoi vos audits ne voient rien
Les dirigeants savent que la fraude en entreprise gangrène leurs marges, mais continuent de croire qu'un audit comptable annuel suffira à tout révéler. C'est faux. Sans vraie sûreté économique, sans collecte de renseignement indépendante, une bonne partie des détournements reste enfouie. Regardons lucidement pourquoi.
Les chiffres qui devraient empêcher de dormir n'importe quel dirigeant
Selon les études internationales de cabinets spécialisés, une entreprise perd en moyenne entre 5 et 7 % de son chiffre d'affaires chaque année à cause de fraudes internes et externes combinées. En France, l'Autorité des marchés financiers, la DGCCRF et d'autres acteurs publient régulièrement des alertes, mais le sujet reste souvent relégué dans la rubrique « risques théoriques » des rapports annuels.
Sur le terrain, à Paris comme en province, les dossiers que nous traitons racontent une autre histoire : des détournements patients, raffinés, qui survivent impunément à des années de commissariat aux comptes.
Non pas parce que les contrôleurs sont incompétents, mais parce que la fraude intelligente se niche précisément dans les angles morts de leurs procédures.
Pourquoi l'audit classique ne suffit pas
Un regard focalisé sur la conformité, pas sur la malveillance
La plupart des audits vérifient la conformité à des normes : règles comptables, procédures internes, dispositifs de contrôle formel. Ils supposent, plus ou moins implicitement, que les personnes de confiance… sont dignes de confiance.
Le fraudeur interne, lui, travaille autrement. Il commence par comprendre l'audit, puis il le contourne. Il sait quelles factures seront échantillonnées, quelles opérations paraissent « trop petites » pour susciter l'attention, quels acteurs n'oseront jamais être remis en cause.
En d'autres termes : vous auditez votre système ; lui, exploite votre culture.
Les fraudes lentes, invisibles aux radars statistiques
Les grands scandales financiers ont habitué les directions à traquer les anomalies massives. Mais la plupart des fraudes détectées par des cabinets comme Consilium Investigation en Île‑de‑France sont d'une banalité consternante :
- remises commerciales indûment accordées et partagées avec un intermédiaire,
- petits détournements de stock sur des années,
- notes de frais maquillées, ajustées juste en dessous des seuils d'alerte,
- achats gonflés auprès d'un fournisseur complice.
Pris individuellement, ces faits ne déclenchent aucun klaxon. Mais sur cinq ans, ils pèsent une fortune.
Fraude 2025 : les nouvelles zones à haut risque
1. La chaîne d'approvisionnement mondialisée
La crise logistique post‑Covid a laissé un paysage fracturé : nouveaux intermédiaires, circuits parallèles, urgences permanentes. Dans ce chaos, les failles se sont multipliées :
- prestataires jamais vraiment vérifiés,
- fournisseurs imposés par un salarié peu transparent,
- marges occultes sur la revente de matériaux « perdus ».
Un dispositif de due diligence réel, tel que décrit dans nos services de renseignement d'affaires, aurait permis de filtrer une partie de ces risques. Mais beaucoup d'entreprises se sont contentées d'une vérification sur Google et d'un extrait Kbis.
2. Les outils numériques et le télétravail
Depuis 2020, on a basculé dans une économie de la confiance à distance… sans adapter les contrôles. Or, un système d'information mal surveillé, c'est un paradis pour :
- la création de comptes fictifs,
- l'accès non autorisé à des données sensibles,
- les manipulations de commandes et validations hors procédures.
Les directions ont misé sur des solutions techniques, oubliant qu'un audit humain de sûreté - filatures internes, entretiens ciblés, observation comportementale - reste irremplaçable pour détecter les collusions.
Le blind spot numéro un : vos cadres « historiques »
On touche un point sensible. Les plus belles fraudes que nous avons mises au jour ces dernières années en région parisienne ne venaient pas d'un stagiaire véreux ou d'un nouvel arrivé, mais de cadres en poste depuis plus de dix ans, jugés « intouchables ».
Ils connaissent :
- toutes les règles, et leurs failles,
- tous les collègues loyaux… et ceux qui fermeront les yeux,
- toutes les crises où l'on leur dira « fais au plus vite, on régularisera ensuite ».
Sur ces profils, l'audit interne est souvent paralysé par une forme de loyauté mal placée. C'est précisément pour cette raison que certaines entreprises préfèrent mandater une enquête externe indépendante, assumant de faire regarder leur fonctionnement par un œil qui ne doit rien à personne.
Ce que fait concrètement un détective privé en entreprise
Un cabinet comme Consilium Investigation n'arrive pas avec un logiciel magique, mais avec un arsenal méthodique :
1. Enquête de moralité et renseignement d'affaires
Avant même qu'un scandale n'éclate, il est possible de réduire le risque en amont :
- vérification des antécédents des cadres sensibles,
- analyse de leurs liens capitalistiques ou associatifs,
- recherche d'éventuels conflits d'intérêts ou cumuls d'activités.
On ne cherche pas à espionner la vie privée, mais à cartographier les zones où l'intérêt personnel pourrait percuter l'intérêt de l'entreprise.
2. Enquête opérationnelle en cas de soupçon précis
Quand un faisceau d'indices sérieux apparaît (écarts de stock inexpliqués, plaintes de clients, fuites d'informations sensibles), l'enquête se concentre sur :
- l'analyse discrète des process réels (ceux du terrain, pas ceux des procédures),
- des entretiens ciblés, parfois en mode « client mystère » ou « fournisseur test »,
- des surveillances physiques (livraisons nocturnes suspectes, rencontres avec un concurrent, etc.).
L'objectif n'est pas de « piéger » quelqu'un, mais de vérifier si les soupçons s'appuient sur des faits tangibles, quantifiables, juridiquement exploitables.
3. Production d'un rapport recevable en justice
Au terme de la mission, le détective privé remet un rapport détaillé, rédigé dans le respect des règles de procédure. Ce document, combiné au travail de votre avocat, permet :
- de sécuriser une procédure de licenciement pour faute grave,
- d'engager, si nécessaire, une action pénale pour abus de confiance, vol, escroquerie,
- de négocier fermement une transaction en étant armé factuellement.
C'est aussi ce qui ouvre la voie, dans certains cas, au remboursement des frais d'enquête dans le cadre d'une décision judiciaire favorable.
Story d'atelier : la casse auto qui ne cassait plus grand‑chose
Un cas réel, anonymisé. Atelier industriel de la grande couronne parisienne. Les stocks de pièces détachées « disparaissent » régulièrement, mais les écarts restent statistiquement « acceptables ». Les audits internes concluent à des problèmes de traçabilité.
La direction, agacée, mandate un cabinet d'enquête. Pendant plusieurs semaines :
- des filatures discrètes suivent certains camions après leur sortie officielle,
- des observations nocturnes montrent des chargements non déclarés,
- des recoupements OSINT identifient une activité de revente parallèle sur des plateformes en ligne.
Résultat : démantèlement d'un système impliquant deux chefs d'équipe, un prestataire logistique et un garagiste complice. Montant estimé du préjudice sur trois ans : plusieurs centaines de milliers d'euros. Aucun audit comptable n'avait tiré le fil jusque‑là.
Comment articuler enquête privée et conformité (Sapin II, RGPD, etc.)
Certains directeurs compliance redoutent qu'une enquête privée vienne heurter leurs obligations, notamment en matière de protection des données ou de lanceurs d'alerte. C'est l'inverse, à condition de travailler proprement.
Une mission bien cadrée :
- respecte le principe de proportionnalité des moyens,
- se limite aux informations nécessaires à la finalité définie,
- s'inscrit dans le cadre légal français (Code pénal, Code de la sécurité intérieure, RGPD).
Pour s'y retrouver, les bonnes pratiques publiées par l'CNIL sur la surveillance en entreprise sont une base utile, mais elles ne remplacent pas un conseil sur‑mesure. C'est tout l'intérêt du tandem avocat - détective privé.
Vers une culture de la sûreté économique, pas de la suspicion généralisée
Certains dirigeants reculent devant ces démarches par peur de « casser la confiance » interne. C'est une erreur de diagnostic. La majorité des collaborateurs honnêtes souffrent bien plus d'un climat d'impunité que de l'existence d'enquêtes ciblées et justifiées.
La vraie ligne de crête, c'est :
- assumer une politique claire contre la fraude (et la respecter, y compris pour les « intouchables »),
- expliquer que les enquêtes ne sont déclenchées qu'en cas d'indices sérieux,
- protéger les témoins et les salariés de bonne foi.
En d'autres termes : remplacer le soupçon diffus par une démarche structurée de gestion des risques. C'est exactement ce qui est décrit dans nos offres de sûreté économique et fraud management.
Et maintenant, très concrètement ?
Si vous êtes dirigeant, DAF, risk manager, la bonne question n'est plus « avons‑nous de la fraude ? », mais « à quel point passons‑nous à côté ? ». La seule façon honnête de répondre, c'est de croiser :
- vos contrôles internes et audits classiques,
- des investigations ciblées sur des zones à risque, menées par un acteur externe indépendant.
Vous pouvez commencer modestement : une mission test sur un périmètre restreint, un dossier qui vous semble louche depuis trop longtemps. Ce n'est pas confortable, mais c'est précisément dans ces angles morts que se jouent, souvent, plusieurs points de marge.
Pour explorer ce type de démarche, vous pouvez approfondir nos services aux entreprises, découvrir notre savoir‑faire en intelligence économique ou simplement demander une étude de faisabilité. La vraie question, en 2025, n'est plus de savoir si vous pouvez vous offrir une enquête : c'est de mesurer le coût exact de continuer sans.